Ce matin, à 11h, a eu lieu la cérémonie en mémoire des combattants de mai 1940 et plus particulièrement du sapeur Delalain mort au fort de Leveau le 19 mai 1940.
A cette occasion, voici une présentation de la situation du fort en mai 1940 et des combats qui s’y sont déroulés.
Après la création du secteur fortifié de Maubeuge, l’autorité militaire cherche à réemployer les installations existantes et surtout les terrains qui lui appartiennent afin d’alléger le poids financier des expropriations. Comme dans un bon nombre de cas, des aménagements sont réalisés pour remettre en état le fort de Leveau et permettre ainsi d’y stocker du matériel. Il s’agit de reboucher par du béton certaines parties telles que les entonnoirs causés par les bombardements de septembre 1914. Un observatoire est aménagé sur le massif bétonné. Un autre prend place sur le cavalier. Il est de type OD 85. On y accède depuis le casernement par un puits muni d’échelons métalliques. Ces observatoires servent à renseigner une partie des 5ème et 6ème batteries du 161ème R.A.P.
A l’entrée du fort, une chambre de coupure est construite. Elle permet les communications entre le P.C. du I/87ème R.I.F. et le réseau militaire enterré du secteur fortifié. Sur le glacis du fort est installé un bloc de type F.C.R. qui porte le nom de « bloc du Plantis ».
Le casernement abrite des artilleurs de la 5ème batterie du 161ème R.A.P. Le logement des hommes est très sommaire. Ceux-ci dorment à même le sol sur des châlits formés de planches et garnis de paille. Les officiers et sous-officiers ne dorment pas au fort, ceux-ci sont logés dans Feignies. Les hommes habitant à proximité du fort peuvent obtenir des permissions de nuit pour rentrer régulièrement dormir chez eux. Les mois d’attente de la Drôle de Guerre sont rythmés pour les artilleurs par les exercices et surtout par l’aménagement des batteries situées à proximité du fort.
Les pièces d’artillerie se divisent en trois batteries de quatre canons chacune. Deux sont équipées de canons de 120 mm et la troisième est dotée de canons de 105 mm. L’armement du fort se compose d’une mitrailleuse, d’un fusil-mitrailleur et d’une vingtaine de fusils mousqueton. Les officiers et sous-officiers ont leur arme de dotation.
17 mai 1940 : Vers 16 h, les pièces de 105 mm de la batterie n°2 sont tournées et effectuent un tir en direction de Colleret. Elles ouvrent ensuite le feu sur Cerfontaine. Près de trois cents salves sont tirées.
18 mai 1940 : Vers 4 h, les pièces de la batterie n°3, inutilisables car placées en encuvement, sont sabotées.
Dans la matinée, des éléments ennemis sont repérés autour du fort. A 13h, la batterie n°2 tire vers Dourlers, puis à 17 h, en direction d’Hautmont.
En début de soirée, les pièces de 120mm de la batterie n°1 sont retournées pour tirer en direction de Marpent. Les artilleurs sont alors pris sous le feu d’armes individuelles. Le lieutenant Mathieu est légèrement blessé. Dans la nuit, des patrouilles sont organisées pour débusquer les tireurs ennemis.
19 mai 1940 : A 2 h, la batterie n°2 reçoit l’ordre de tirer en direction de Pont sur Sambre. Peu après, la batterie du lieutenant Henrard est attaquée par l’ennemi. Le canonnier Semail est blessé par les éclats d’une grenade. Faute d’armes d’appui et de grenades, les hommes du lieutenant Henrard doivent évacuer la batterie. La situation devient très difficile. Des éléments ennemis ont réussi à prendre position sur le dessus du casernement et prennent sous leur feu la cour du fort. Deux groupes sont formés pour tenter de les déloger. Durant cette action, les maréchaux des logis Delhaye et Laisne sont blessés. Les deux patrouilles se replient à l’abri.
Le capitaine Bayart demande alors au fort des Sarts de tirer en prenant pour objectif la superstructure du fort. La chambre de coupure est détruite, le sapeur Delalain y trouve la mort. Achilles Leleux, qui le suit le voit s’écrouler. Alors qu’il se retourne, il est blessé sur le côté de l’oeil. L’artillerie allemande ouvre le feu sur le fort. Le capitaine fait évacuer le fort vers 6 h, une fois arrivés à Feignies, les artilleurs reçoivent l’ordre de revenir à Leveau. Une contre-attaque est menée par le 158ème R.I., mais à 10h30 l’infanterie doit se replier. Le maréchal des logis chef Cavrot est blessé par l’éclat d’une grenade alors qu’il se situe à la porte de la chambre des sous-officiers. Le capitaine donne alors l’ordre définitif d’évacuation du fort. Les hommes arrivent à Feignies vers 14h puis se dirigent vers Bavay.
Le bloc du Plantis est commandé par le lieutenant Gailly et l’adjudant Devos. II est attaqué vers 4h30 après avoir reçu quelques coups vers 3h. A 5h, les Allemands ouvrent le feu sur les créneaux et l’entrée du bloc. A 6h30, les servants Laurent et Buisset sont blessés. L’équipage résiste jusqu’au soir. Vers 17h30, un obus atteint l’angle droit du créneau de mitrailleuse. Trois autres projectiles atteignent l’ouvrage et tapent dans la chambre de tir. Le bloc est évacué vers 18h30.